Recodage de variables
- Renommer des variables
- Convertir une variable
- Conversion d’un vecteur labellisé
- Nettoyage
- Découper une variable numérique en classes
- Regrouper les modalités d’une variable
- Variables calculées
- Combiner plusieurs variables
- Variables scores
- Vérification des recodages
- Facteurs et forcats
- Combiner plusieurs variables
- Recodage et data.table
Une version actualisée de ce chapitre est disponible sur guide-R : Facteurs et forcats & Combiner plusieurs variables
La version originale de ce chapitre a été écrite par Julien Barnier dans le cadre du support de cours Introduction à R.
Ce chapitre est évoqué dans le webin-R #05 (recoder des variables) sur YouTube.
Ce chapitre est évoqué dans le webin-R #06 (régression logistique partie 1) sur YouTube.
Le recodage de variables est une opération extrêmement fréquente lors du traitement d’enquête. Celui-ci utilise soit l’une des formes d’indexation décrites précédemment, soit des fonctions ad hoc de R.
On passe ici en revue différents types de recodage parmi les plus courants. Les exemples s’appuient, comme précédemment, sur l’extrait de l’enquête Histoire de vie :
Renommer des variables
Une opération courante lorsqu’on a importé des variables depuis une source de données externe consiste à renommer les variables importées. Sous R les noms de variables doivent être à la fois courts et explicites.
Les noms de variables peuvent contenir des lettres, des chiffres (mais ils ne peuvent pas commencer par un chiffre), les symboles .
et _
et doivent commencer par une lettre. R fait la différence entre les majuscules et les minuscules, ce qui signifie que x et X sont deux noms de variable différents. On évitera également d’utiliser des caractères accentués dans les noms de variable. Comme les espaces ne sont pas autorisés, on pourra les remplacer par un point ou un tiret bas.
On peut lister les noms des variables d’un tableau de données (data.frame) à l’aide de la fonction names
:
[1] "id" "age" "sexe"
[4] "nivetud" "poids" "occup"
[7] "qualif" "freres.soeurs" "clso"
[10] "relig" "trav.imp" "trav.satisf"
[13] "hard.rock" "lecture.bd" "peche.chasse"
[16] "cuisine" "bricol" "cinema"
[19] "sport" "heures.tv"
Si l’on utilise dplyr
(voir chapitre dédié), on peut facilement renommer une variable avec rename
:
La fonction names
peut également être utilisée pour renommer l’ensemble des variables. Si par exemple on souhaitait passer les noms de toutes les variables en majuscules, on pourrait faire :
d.maj <- d
names(d.maj) <- c(
"ID", "AGE", "SEXE", "NIVETUD", "POIDS", "OCCUP", "QUALIF",
"FRERES.SOEURS", "CLSO", "RELIG", "TRAV.IMP", "TRAV.SATISF", "HARD.ROCK",
"LECTURE.BD", "PECHE.CHASSE", "CUISINE", "BRICOL", "CINEMA", "SPORT", "HEURES.TV"
)
summary(d.maj$SEXE)
Homme Femme
899 1101
Ce type de renommage peut être utile lorsqu’on souhaite passer en revue tous les noms de variables d’un fichier importé pour les corriger le cas échéant. Pour faciliter un peu ce travail pas forcément passionnant, on peut utiliser la fonction dput
:
c("id", "age", "sexe", "nivetud", "poids", "occup", "qualif",
"freres.soeurs", "clso", "relig", "trav.imp", "trav.satisf",
"hard.rock", "lecture.bd", "peche.chasse", "cuisine", "bricol",
"cinema", "sport", "heures.tv")
On obtient en résultat la liste des variables sous forme de vecteur déclaré. On n’a plus alors qu’à copier/coller cette chaîne, rajouter names(d) <-
devant et modifier un à un les noms des variables.
Si on souhaite seulement modifier le nom d’une variable, on peut utiliser la fonction rename.variable
de l’extension questionr
. Celle-ci prend en argument le tableau de données, le nom actuel de la variable et le nouveau nom. Par exemple, si on veut renommer la variable bricol du tableau de données d
en bricolage :
Non Oui
1147 853
Convertir une variable
Il peut arriver qu’on veuille transformer une variable d’un type dans un autre.
Variable numérique ou textuelle en facteur
Par exemple, on peut considérer que la variable numérique freres.soeurs est une « fausse » variable numérique et qu’une représentation sous forme de facteur serait plus adéquate. Dans ce cas il suffit de faire appel à la fonction factor
:
[1] "0" "1" "2" "3" "4" "5" "6" "7" "8" "9" "10"
[12] "11" "12" "13" "14" "15" "16" "18" "22"
La conversion d’une variable caractères en facteur se fait de la même manière.
La conversion d’un facteur ou d’une variable numérique en variable caractères peut se faire à l’aide de la fonction as.character
:
Conversion d’un facteur
La conversion d’un facteur en caractères est fréquemment utilisé lors des recodages du fait qu’il est impossible d’ajouter de nouvelles modalités à un facteur de cette manière. Par exemple, la première des commandes suivantes génère un message d’avertissement, tandis que les deux autres fonctionnent :
Warning in `[<-.factor`(`*tmp*`, d.temp$qualif == "Ouvrier
specialise", : niveau de facteur incorrect, NAs générés
d$qualif.char <- as.character(d$qualif)
d$qualif.char[d$qualif.char == "Ouvrier specialise"] <- "Ouvrier"
Dans le premier cas, le message d’avertissement indique que toutes les modalités « Ouvrier specialise » de notre variable qualif ont été remplacées par des valeurs manquantes NA
.
Enfin, une variable de type caractères dont les valeurs seraient des nombres peut être convertie en variable numérique avec la fonction as.numeric
.
[1] "1" "3.1415" "4" "5.6" "1" "4"
[1] 1.000 3.142 4.000 5.600 1.000 4.000
Lorsque l’on convertit un facteur avec as.numeric
, on obtient le numéro de chaque facteur (première modalité, seconde modalité, etc.). Si la valeur numérique qui nous intéresse est en fait contenu dans le nom des modalités, il faut convertir au préalable notre facteur en variable textuelle.
[1] 1 3.1415 4 5.6 1 4
Levels: 1 3.1415 4 5.6
[1] 1 2 3 4 1 3
[1] 1.000 3.142 4.000 5.600 1.000 4.000
ATTENTION : la valeur numérique associée à chaque étiquette d’un facteur change lorsque l’on modifie l’ordre des étiquettes d’un facteur. Dès lors, il est fortement déconseillé de convertir un facteur en variable numérique.
Conversion d’un vecteur labellisé
Nous avons abordé dans un chapitre précédent la gestion de données labellisées à l’aide de l’extension labelled
. Les vecteurs labellisés sont beaucoup plus souples que les facteurs lors de la préparation des données, puisque la liste des modalités autorisées n’est pas fixée à l’avance. De plus, cela permet également de documenter au-fur-et-à-mesure les nouvelles variables que l’on créé.
Nous verrons dans les chapitres d’analyse, notamment quand il s’agit de calculer des modèles, qu’il est nécessaire de coder les variables catégorielles sous forme de facteurs. Et il est préférable pour les variables continues de leur retirer la classe haven_labelled
.
Quand convertir les vecteurs labellisés ?
La classe haven_labelled
permets d’ajouter des métadonnées aux variables sous la forme d’étiquettes de valeurs. Lorsque les données sont importées depuis SAS, SPSS ou Stata, cela permet notamment de conserver le codage original du fichier importé.
Mais il faut noter que ces étiquettes de valeur n’indique pas pour autant de manière systématique le type de variable (catégorielle ou continue). Les vecteurs labellisés n’ont donc pas vocation à être utilisés pour l’analyse, notamment le calcul de modèles statistiques. Ils doivent être convertis en facteurs (pour les variables catégorielles) ou en vecteurs numériques (pour les variables continues).
La question qui peut se poser est donc de choisirà quel moment cette conversion doit avoir lieu dans un processus d’analyse. On peut considérer deux approches principales.
Dans l’approche A, les vecteurs labellisés sont convertis juste après l’import des données, en utilisant les fonctions unlabelled
, to_factor
ou unclass
qui sont présentées ci-après. Dès lors, toute la partie de nettoyage et de recodage des données se fera en utilisant les fonctions classiques de R.
Dans l’approche B, les vecteurs labellisés sont conservés pour l’étape de nettoyage et de recodage des données. Dans ce cas là, on pourra avoir recours aux fonctions de l’extension labelled
qui facilitent la gestion des données labellisées. Cette approche est particulièrement intéressante quand (i) on veut pouvoir se référer au dictionnaire de codification fourni avec les données sources et donc on veut conserver le codage original et/ou (ii) quand les données devront faire l’objet d’un réexport après transformation. Par contre, comme dans l’approche A, il faudra prévoir une conversion des variables labellisées au moment de l’analyse.
Convertir un vecteur labellisé en facteur
Il est très facile de convertir un vecteur labellisé en facteur à l’aide la fonction to_factor
de l’extension labelled
1.
library(labelled)
v <- labelled(c(1, 2, 9, 3, 3, 2, NA), c(oui = 1, "peut-être" = 2, non = 3, "ne sait pas" = 9))
v
<labelled<double>[7]>
[1] 1 2 9 3 3 2 NA
Labels:
value label
1 oui
2 peut-être
3 non
9 ne sait pas
[1] oui peut-être ne sait pas non
[5] non peut-être <NA>
Levels: oui peut-être non ne sait pas
Il possible d’indiquer si l’on souhaite, comme étiquettes du facteur, utiliser les étiquettes de valeur (par défaut), les valeurs elles-mêmes, ou bien les étiquettes de valeurs préfixées par la valeur d’origine indiquée entre crochets.
[1] oui peut-être ne sait pas non
[5] non peut-être <NA>
Levels: oui peut-être non ne sait pas
[1] 1 2 9 3 3 2 <NA>
Levels: 1 2 3 9
[1] [1] oui [2] peut-être [9] ne sait pas
[4] [3] non [3] non [2] peut-être
[7] <NA>
4 Levels: [1] oui [2] peut-être ... [9] ne sait pas
Par défaut, les étiquettes du facteur seront triés selon l’ordre des étiquettes de valeur. Mais cela peut être modifié avec l’argument sort_levels
si l’on préfère trier selon les valeurs ou selon l’ordre alphabétique des étiquettes.
[1] oui peut-être ne sait pas non
[5] non peut-être <NA>
Levels: oui peut-être non ne sait pas
[1] oui peut-être ne sait pas non
[5] non peut-être <NA>
Levels: ne sait pas non oui peut-être
D’autres options sont disponibles. On se réferra à la documentation complète de la fonction.
Convertir un vecteur labellisé en numérique ou en texte
Pour rappel, il existe deux types de vecteurs labellisés : des vecteurs numériques labellisés (x
dans l’exemple ci-dessous) et des vecteurs textuels labellisés (x
dans l’exemple ci-dessous).
x <- labelled(c(1, 2, 9, 3, 3, 2, NA), c(oui = 1, "peut-être" = 2, non = 3, "ne sait pas" = 9))
y <- labelled(c("f", "f", "h", "f"), c(femme = "f", homme = "h"))
x
<labelled<double>[7]>
[1] 1 2 9 3 3 2 NA
Labels:
value label
1 oui
2 peut-être
3 non
9 ne sait pas
<labelled<character>[4]>
[1] f f h f
Labels:
value label
f femme
h homme
Pour leur retirer leur caractère labellisé et revenir à leur classe d’origine, on peut utiliser la fonction unclass
.
[1] 1 2 9 3 3 2 NA
attr(,"labels")
oui peut-être non ne sait pas
1 2 3 9
[1] "f" "f" "h" "f"
attr(,"labels")
femme homme
"f" "h"
À noter que dans ce cas-là, les étiquettes sont conservées comme attributs du vecteur.
Une alternative est d’utiliser remove_labels
qui supprimera toutes les étiquettes, y compris les étiquettes de variable. Pour conserver les étiquettes de variables et ne supprimer que les étiquettes de valeurs, on indiquera keep_var_label = TRUE
.
[1] 1 2 9 3 3 2 NA
[1] 1 2 9 3 3 2 NA
attr(,"label")
[1] "Etiquette de variable"
[1] "f" "f" "h" "f"
Dans le cas d’un vecteur numérique labellisé que l’on souhaiterait convertir en variable textuelle, on pourra utiliser to_character
à la place de to_factor
qui comme sa soeur utilisera les étiquettes de valeurs.
[1] "oui" "peut-être" "ne sait pas" "non"
[5] "non" "peut-être" NA
attr(,"label")
[1] "Etiquette de variable"
Conversion conditionnelle en facteurs
Il n’est pas toujours possible de déterminer la nature d’une variable (continue ou catégorielle) juste à partir de la présence ou l’absence d’étiquettes de valeur. En effet, on peut utiliser des étiquettes de valeur dans le cadre d’une variable continue pour indiquer certaines valeurs spécifiques.
Une bonne pratique est de vérifier chaque variable inclue dans une analyse, une à une.
Cependant, une règle qui fonctionne dans 90% des cas est de convertir un vecteur labellisé en facteur seulement si toutes les valeurs observées dans le vecteur disposent d’une étiquette de valeur correspondante. C’est ce que propose la fonction unlabelled
qui peut même être appliqué à tout un tableau de données. Par défaut, elle fonctionne ainsi :
- les variables non labellisées restent inchangées (variables f et g dans l’exemple ci-dessous);
- si toutes les valeurs observées d’une variable labellisées, elles sont converties en facteurs (variables b et c);
- sinon, on leur applique
unclass
(variables a, d et e).
df <- data.frame(
a = labelled(c(1, 1, 2, 3), labels = c(No = 1, Yes = 2)),
b = labelled(c(1, 1, 2, 3), labels = c(No = 1, Yes = 2, DK = 3)),
c = labelled(c(1, 1, 2, 2), labels = c(No = 1, Yes = 2, DK = 3)),
d = labelled(c("a", "a", "b", "c"), labels = c(No = "a", Yes = "b")),
e = labelled_spss(
c(1, 9, 1, 2),
labels = c(No = 1, Yes = 2),
na_values = 9
),
f = 1:4,
g = as.Date(c("2020-01-01", "2020-02-01", "2020-03-01", "2020-04-01"))
)
dplyr::glimpse(df)
Rows: 4
Columns: 7
$ a <dbl+lbl> 1, 1, 2, 3
$ b <dbl+lbl> 1, 1, 2, 3
$ c <dbl+lbl> 1, 1, 2, 2
$ d <chr+lbl> "a", "a", "b", "c"
$ e <hvn_lbl_> 1, 9, 1, 2
$ f <int> 1, 2, 3, 4
$ g <date> 2020-01-01, 2020-02-01, 2020-03-01, 2020-04-01
Rows: 4
Columns: 7
$ a <dbl> 1, 1, 2, 3
$ b <fct> No, No, Yes, DK
$ c <fct> No, No, Yes, Yes
$ d <chr> "a", "a", "b", "c"
$ e <fct> No, NA, No, Yes
$ f <int> 1, 2, 3, 4
$ g <date> 2020-01-01, 2020-02-01, 2020-03-01, 2020-04-01
On peut indiquer certaines options, par exemple drop_unused_labels = TRUE
pour supprimer des facteurs créés les niveaux non observées dans les données (voir la variable c) ou user_na_to_na = TRUE
pour convertir les valeurs manquantes de type SPSS en NA
(voir la variable e, notez qu’ici, du fait de cette conversion, toutes les valeurs ont une étiquette et la variable est alors convertie en facteur.)
Rows: 4
Columns: 7
$ a <dbl> 1, 1, 2, 3
$ b <fct> [1] No, [1] No, [2] Yes, [3] DK
$ c <fct> [1] No, [1] No, [2] Yes, [2] Yes
$ d <chr> "a", "a", "b", "c"
$ e <fct> [1] No, NA, [1] No, [2] Yes
$ f <int> 1, 2, 3, 4
$ g <date> 2020-01-01, 2020-02-01, 2020-03-01, 2020-04-01
Rows: 4
Columns: 7
$ a <dbl> 1, 1, 2, 3
$ b <fct> No, No, Yes, DK
$ c <fct> No, No, Yes, Yes
$ d <chr> "a", "a", "b", "c"
$ e <fct> No, NA, No, Yes
$ f <int> 1, 2, 3, 4
$ g <date> 2020-01-01, 2020-02-01, 2020-03-01, 2020-04-01
Rows: 4
Columns: 7
$ a <dbl> 1, 1, 2, 3
$ b <fct> No, No, Yes, DK
$ c <fct> No, No, Yes, Yes
$ d <chr> "a", "a", "b", "c"
$ e <fct> No, NA, No, Yes
$ f <int> 1, 2, 3, 4
$ g <date> 2020-01-01, 2020-02-01, 2020-03-01, 2020-04-01
Nettoyage
L’extension cleaner
propose plusieurs fonctions utiles lorsque l’on doit nettoyer une variable mal encodées.
Attachement du package : 'cleaner'
L'objet suivant est masqué depuis 'package:questionr':
freq
[1] TRUE FALSE NA NA
[1] TRUE FALSE
[1] TRUE FALSE
[1] TRUE FALSE NA NA
[1] 12346 12346 12346 12346
[1] 123456
[1] 0.143
[1] "male 0-50" "male 50+" "female 0-50" "female 50+"
[1] M M F F
Levels: M F
[1] Male Male Female Female
Levels: Male Female
[1] 0-50 50+ 0-50 50+
Levels: 0-50 < 50+
clean_factor(
gender_age,
levels = c(
"female" = "Group A",
"male 50+" = "Group B",
".*" = "Other"
)
)
[1] Other Group B Group A Group A
Levels: Group A Group B Other
(assuming format 'dd-mm-yyyy')
[1] "2012-06-12"
(assuming Excel format)
[1] "2004-03-25"
L’extension cleaner
propose également une fonction freq
qui peut rentrer en conflit avec la fonction freq
de questionr
. Dans ce cas, on pourra soit appeler explicitement la version de questionr
avec l’écriture questionr::freq()
. Une autre possibilité est de décharger
(le contraire de charger en mémoire) l’extension cleaner
une fois que l’on en n’a plus besoin.
Découper une variable numérique en classes
Le premier type de recodage consiste à découper une variable de type numérique en un certain nombre de classes. On utilise pour cela la fonction cut
.
Celle-ci prend, outre la variable à découper, un certain nombre d’arguments :
breaks
indique soit le nombre de classes souhaité, soit, si on lui fournit un vecteur, les limites des classes ;labels
permet de modifier les noms de modalités attribués aux classes ;include.lowest
etright
influent sur la manière dont les valeurs situées à la frontière des classes seront inclues ou exclues ;dig.lab
indique le nombre de chiffres après la virgule à conserver dans les noms de modalités.
Prenons tout de suite un exemple et tentons de découper notre variable age en cinq classes et de placer le résultat dans une nouvelle variable nommée age5cl :
(17.9,33.8] (33.8,49.6] (49.6,65.4] (65.4,81.2] (81.2,97.1]
454 628 556 319 43
Par défaut R nous a bien créé cinq classes d’amplitudes égales. La première classe va de 16,9 à 32,2 ans (en fait de 17 à 32), etc.
Les frontières de classe seraient plus présentables si elles utilisaient des nombres ronds. On va donc spécifier manuellement le découpage souhaité, par tranches de 20 ans :
(0,20] (20,40] (40,60] (60,80] (80,100]
72 660 780 436 52
On aurait pu tenir compte des âges extrêmes pour la première et la dernière valeur :
[1] 18 97
(18,20] (20,40] (40,60] (60,80] (80,97]
55 660 780 436 52
Les symboles dans les noms attribués aux classes ont leur importance : (
signifie que la frontière de la classe est exclue, tandis que [
signifie qu’elle est incluse. Ainsi, (20,40]
signifie « strictement supérieur à 20 et inférieur ou égal à 40 ».
On remarque que du coup, dans notre exemple précédent, la valeur minimale, 18, est exclue de notre première classe, et qu’une observation est donc absente de ce découpage. Pour résoudre ce problème on peut soit faire commencer la première classe à 17, soit utiliser l’option include.lowest=TRUE
:
(17,20] (20,40] (40,60] (60,80] (80,97]
72 660 780 436 52
[18,20] (20,40] (40,60] (60,80] (80,97]
72 660 780 436 52
On peut également modifier le sens des intervalles avec l’option right=FALSE
, et indiquer manuellement les noms des modalités avec labels
:
d$age20 <- cut(d$age, c(18, 20, 40, 60, 80, 97), right = FALSE, include.lowest = TRUE)
table(d$age20)
[18,20) [20,40) [40,60) [60,80) [80,97]
48 643 793 454 62
d$age20 <- cut(d$age, c(18, 20, 40, 60, 80, 97), include.lowest = TRUE, labels = c("<20ans", "21-40 ans", "41-60ans", "61-80ans", ">80ans"))
table(d$age20)
<20ans 21-40 ans 41-60ans 61-80ans >80ans
72 660 780 436 52
L’extension questionr
propose une interface interactive à la fonction cut
, nommée icut
. Elle s’utilise de la manière suivante :
RStudio devrait ouvrir une fenêtre semblable à l’image ci-dessous.
Vous pouvez alors indiquer les limites de vos classes ainsi que quelques options complémentaires. Ces limites sont représentées graphiquement sur l’histogramme de la variable d’origine.
L’onglet Vérification affiche un tri à plat et un graphique en barres de la nouvelle variable. Une fois le résultat satisfaisant, vous pouvez récupérer le code généré pour l’inclure dans votre script.
L’extension questionr
propose aussi une fonction quant.cut
permettant de découper une variable numérique en un nombre de classes donné ayant des efffectifs semblables. Il suffit de lui passer le nombre de classes en argument :
[18,30) [30,39) [39,48) [48,55.667) [55.667,66)
302 337 350 344 305
[66,97]
362
quant.cut
admet les mêmes autres options que cut
(include.lowest
, right
, labels
… ).
Regrouper les modalités d’une variable
Pour regrouper les modalités d’une variable qualitative (d’un facteur le plus souvent), on peut utiliser directement l’indexation.
Ainsi, si on veut recoder la variable qualif dans une variable qualif.reg plus « compacte », on peut utiliser :
Ouvrier specialise Ouvrier qualifie
203 292
Technicien Profession intermediaire
86 160
Cadre Employe
260 594
Autre
58
d$qualif.reg[d$qualif == "Ouvrier specialise"] <- "Ouvrier"
d$qualif.reg[d$qualif == "Ouvrier qualifie"] <- "Ouvrier"
d$qualif.reg[d$qualif == "Employe"] <- "Employe"
d$qualif.reg[d$qualif == "Profession intermediaire"] <- "Intermediaire"
d$qualif.reg[d$qualif == "Technicien"] <- "Intermediaire"
d$qualif.reg[d$qualif == "Cadre"] <- "Cadre"
d$qualif.reg[d$qualif == "Autre"] <- "Autre"
table(d$qualif.reg)
Autre Cadre Employe Intermediaire
58 260 594 246
Ouvrier
495
On aurait pu représenter ce recodage de manière plus compacte, notamment en commençant par copier le contenu de qualif dans qualif.reg, ce qui permet de ne pas s’occuper de ce qui ne change pas.
Il est cependant nécessaire de ne pas copier qualif sous forme de facteur, sinon on ne pourrait ajouter de nouvelles modalités. On copie donc la version caractères de qualif grâce à la fonction as.character
:
d$qualif.reg <- as.character(d$qualif)
d$qualif.reg[d$qualif == "Ouvrier specialise"] <- "Ouvrier"
d$qualif.reg[d$qualif == "Ouvrier qualifie"] <- "Ouvrier"
d$qualif.reg[d$qualif == "Profession intermediaire"] <- "Intermediaire"
d$qualif.reg[d$qualif == "Technicien"] <- "Intermediaire"
table(d$qualif.reg)
Autre Cadre Employe Intermediaire
58 260 594 246
Ouvrier
495
On peut faire une version encore plus compacte en utilisant l’opérateur logique ou (|
) :
d$qualif.reg <- as.character(d$qualif)
d$qualif.reg[d$qualif == "Ouvrier specialise" | d$qualif == "Ouvrier qualifie"] <- "Ouvrier"
d$qualif.reg[d$qualif == "Profession intermediaire" | d$qualif == "Technicien"] <- "Intermediaire"
table(d$qualif.reg)
Autre Cadre Employe Intermediaire
58 260 594 246
Ouvrier
495
Enfin, pour terminer ce petit tour d’horizon, on peut également remplacer l’opérateur |
par %in%
, qui peut parfois être plus lisible :
d$qualif.reg <- as.character(d$qualif)
d$qualif.reg[d$qualif %in% c("Ouvrier specialise", "Ouvrier qualifie")] <- "Ouvrier"
d$qualif.reg[d$qualif %in% c("Profession intermediaire", "Technicien")] <- "Intermediaire"
table(d$qualif.reg)
Autre Cadre Employe Intermediaire
58 260 594 246
Ouvrier
495
Dans tous les cas le résultat obtenu est une variable de type caractère. On pourra la convertir en facteur par un simple :
Si on souhaite recoder les valeurs manquantes, il suffit de faire appel à la fonction is.na
:
Satisfaction Insatisfaction Equilibre
480 117 451
d$trav.satisf.reg <- as.character(d$trav.satisf)
d$trav.satisf.reg[is.na(d$trav.satisf)] <- "Manquant"
table(d$trav.satisf.reg)
Equilibre Insatisfaction Manquant Satisfaction
451 117 952 480
questionr
propose une interface interactive pour le recodage d’une variable qualitative (renommage et regroupement de modalités). Cette fonction, nommée irec
, s’utilise de la manière suivante :
RStudio va alors ouvrir une fenêtre semblable à l’image ci-dessous :
Vous pouvez alors sélectionner différentes options, et pour chaque ancienne modalité, indiquer la nouvelle valeur correspondante. Pour regrouper des modalités, il suffit de leur assigner des nouvelles valeurs identiques. Dans tous les cas n’hésitez pas à expérimenter, l’interface se contente de générer du code R à copier/coller dans votre script mais ne l’exécute pas, et ne modifie donc jamais vos données !
L’onglet Vérification affiche un tri croisé de l’ancienne et de la nouvelle variable pour vérifier que le recodage est correct. Une fois le résultat satisfaisant, vous pouvez récupérer le code généré dans l’onglet Code pour l’inclure dans votre script.
Les exemples précédents montrent bien qu’il est parfois malaisé d’utiliser des facteurs lorsque l’on recode des variables. Les vecteurs labellisés sont, quant à eux, plus souples. Attention : avec des vecteurs labellisés, on utilisera les valeurs sous-jacentes et non les étiquettes pour écrire des conditions.
femmes$educ2 <- 0
femmes$educ2[femmes$educ >= 2] <- 1
var_label(femmes$educ2) <- "A atteint un niveau secondaire ou supérieur ?"
val_labels(femmes$educ2) <- c(non = 0, oui = 1)
femmes %>% look_for("educ")
Variables calculées
La création d’une variable numérique à partir de calculs sur une ou plusieurs autres variables numériques se fait très simplement.
Supposons que l’on souhaite calculer une variable indiquant l’écart entre le nombre d’heures passées à regarder la télévision et la moyenne globale de cette variable. On pourrait alors faire :
[1] 0 12
[1] 2.247
d$ecart.heures.tv <- d$heures.tv - mean(d$heures.tv, na.rm = TRUE)
range(d$ecart.heures.tv, na.rm = TRUE)
[1] -2.247 9.753
[1] 4.715e-17
Autre exemple tiré du jeu de données rp99
: si on souhaite calculer le pourcentage d’actifs dans chaque commune, on peut diviser la population active pop.act par la population totale pop.tot.
Combiner plusieurs variables
La combinaison de plusieurs variables se fait à l’aide des techniques d’indexation déjà décrites précédemment. Le plus compliqué est d’arriver à formuler des conditions parfois complexes de manière rigoureuse.
On peut ainsi vouloir combiner plusieurs variables qualitatives en une seule :
d$act.manuelles <- NA
d$act.manuelles[d$cuisine == "Oui" & d$bricol == "Oui"] <- "Cuisine et Bricolage"
d$act.manuelles[d$cuisine == "Oui" & d$bricol == "Non"] <- "Cuisine seulement"
d$act.manuelles[d$cuisine == "Non" & d$bricol == "Oui"] <- "Bricolage seulement"
d$act.manuelles[d$cuisine == "Non" & d$bricol == "Non"] <- "Ni cuisine ni bricolage"
table(d$act.manuelles)
Bricolage seulement Cuisine et Bricolage
437 416
Cuisine seulement Ni cuisine ni bricolage
465 682
On peut également combiner variables qualitatives et variables quantitatives :
d$age.sexe <- NA
d$age.sexe[d$sexe == "Homme" & d$age < 40] <- "Homme moins de 40 ans"
d$age.sexe[d$sexe == "Homme" & d$age >= 40] <- "Homme plus de 40 ans"
d$age.sexe[d$sexe == "Femme" & d$age < 40] <- "Femme moins de 40 ans"
d$age.sexe[d$sexe == "Femme" & d$age >= 40] <- "Femme plus de 40 ans"
table(d$age.sexe)
Femme moins de 40 ans Femme plus de 40 ans
376 725
Homme moins de 40 ans Homme plus de 40 ans
315 584
Les combinaisons de variables un peu complexes nécessitent parfois un petit travail de réflexion. En particulier, l’ordre des commandes de recodage a parfois une influence dans le résultat final.
Pour combiner rapidement plusieurs variables entre elles, on peut aussi avoir recours à la fonction interaction
qui créra un facteur avec un niveau pour chaque combinaison de modalités des variables sources.
Homme.<20ans Femme.<20ans Homme.21-40 ans
34 38 291
Femme.21-40 ans Homme.41-60ans Femme.41-60ans
369 352 428
Homme.61-80ans Femme.61-80ans Homme.>80ans
205 231 17
Femme.>80ans
35
Variables scores
Une variable score est une variable calculée en additionnant des poids accordés aux modalités d’une série de variables qualitatives.
Pour prendre un exemple tout à fait arbitraire, imaginons que nous souhaitons calculer un score d’activités extérieures. Dans ce score on considère que le fait d’aller au cinéma « pèse » 10, celui de pêcher ou chasser vaut 30 et celui de faire du sport vaut 20. On pourrait alors calculer notre score de la manière suivante :
d$score.ext <- 0
d$score.ext[d$cinema == "Oui"] <- d$score.ext[d$cinema == "Oui"] + 10
d$score.ext[d$peche.chasse == "Oui"] <- d$score.ext[d$peche.chasse == "Oui"] + 30
d$score.ext[d$sport == "Oui"] <- d$score.ext[d$sport == "Oui"] + 20
table(d$score.ext)
0 10 20 30 40 50 60
800 342 229 509 31 41 48
Cette notation étant un peu lourde, on peut l’alléger un peu en utilisant la fonction ifelse
. Celle-ci prend en argument une condition et deux valeurs. Si la condition est vraie elle retourne la première valeur, sinon elle retourne la seconde.
d$score.ext <- 0
d$score.ext <- ifelse(d$cinema == "Oui", 10, 0) + ifelse(d$peche.chasse == "Oui", 30, 0) + ifelse(d$sport == "Oui", 20, 0)
table(d$score.ext)
0 10 20 30 40 50 60
800 342 229 509 31 41 48
Vérification des recodages
Il est très important de vérifier, notamment après les recodages les plus complexes, qu’on a bien obtenu le résultat escompté. Les deux points les plus sensibles étant les valeurs manquantes et les erreurs dans les conditions.
Pour vérifier tout cela, le plus simple est sans doute de faire des tableaux croisés entre la variable recodée et celles ayant servi au recodage, à l’aide des fonctions table
ou xtabs
, et de vérifier le nombre de valeurs manquantes dans la variable recodée avec summary
, freq
ou table
.
Par exemple :
d$act.manuelles <- NA
d$act.manuelles[d$cuisine == "Oui" & d$bricol == "Oui"] <- "Cuisine et Bricolage"
d$act.manuelles[d$cuisine == "Oui" & d$bricol == "Non"] <- "Cuisine seulement"
d$act.manuelles[d$cuisine == "Non" & d$bricol == "Oui"] <- "Bricolage seulement"
d$act.manuelles[d$cuisine == "Non" & d$bricol == "Non"] <- "Ni cuisine ni bricolage"
table(d$act.manuelles, d$cuisine)
Non Oui
Bricolage seulement 437 0
Cuisine et Bricolage 0 416
Cuisine seulement 0 465
Ni cuisine ni bricolage 682 0
Non Oui
Bricolage seulement 0 437
Cuisine et Bricolage 0 416
Cuisine seulement 465 0
Ni cuisine ni bricolage 682 0
Facteurs et forcats
forcats
est une extension facilitant la manipulation des variables qualitatives, qu’elles soient sous forme de vecteurs character
ou de facteurs. Elle fait partie du tidyverse, et est donc automatiquement chargée par :
Modifier les modalités d’une variable qualitative
Une opération courante consiste à modifier les valeurs d’une variable qualitative, que ce soit pour avoir des intitulés plus courts ou plus clairs ou pour regrouper des modalités entre elles.
Il existe plusieurs possibilités pour effectuer ce type de recodage, mais ici on va utiliser la fonction fct_recode
de l’extension forcats
. Celle-ci prend en argument une liste de recodages sous la forme "Nouvelle valeur" = "Ancienne valeur"
.
Un exemple :
f <- c("Pomme", "Poire", "Pomme", "Cerise")
f <- fct_recode(f,
"Fraise" = "Pomme",
"Ananas" = "Poire"
)
f
[1] Fraise Ananas Fraise Cerise
Levels: Cerise Ananas Fraise
Autre exemple sur une “vraie” variable :
hdv2003$qualif5 <- fct_recode(hdv2003$qualif,
"Ouvrier" = "Ouvrier specialise",
"Ouvrier" = "Ouvrier qualifie",
"Interm" = "Technicien",
"Interm" = "Profession intermediaire"
)
freq(hdv2003$qualif5)
Attention, les anciennes valeurs saisies doivent être exactement égales aux valeurs des modalités de la variable recodée : toute différence d’accent ou d’espace fera que ce recodage ne sera pas pris en compte. Dans ce cas, forcats
affiche un avertissement nous indiquant qu’une valeur saisie n’a pas été trouvée dans les modalités de la variable :
hdv2003$qualif_test <- fct_recode(hdv2003$qualif,
"Ouvrier" = "Ouvrier spécialisé",
"Ouvrier" = "Ouvrier qualifié"
)
Warning: Unknown levels in `f`: Ouvrier spécialisé, Ouvrier
qualifié
Si on souhaite recoder une modalité de la variable en NA
, il faut (contre intuitivement) lui assigner la valeur NULL
:
À l’inverse, si on souhaite recoder les NA
d’une variable, on utilisera la fonction fct_explicit_na
, qui convertit toutes les valeurs manquantes (NA
) d’un facteur en une modalité spécifique :
hdv2003$qualif_rec <- fct_explicit_na(hdv2003$qualif, na_level = "(Manquant)")
freq(hdv2003$qualif_rec)
D’autres fonctions sont proposées par forcats
pour faciliter certains recodage, comme fct_collapse
, qui propose une autre syntaxe pratique quand on doit regrouper ensemble des modalités :
hdv2003$qualif_rec <- fct_collapse(hdv2003$qualif,
"Ouvrier" = c("Ouvrier specialise", "Ouvrier qualifie"),
"Interm" = c("Technicien", "Profession intermediaire")
)
freq(hdv2003$qualif_rec)
fct_other
, qui regroupe une liste de modalités en une seule modalité “Other” :
hdv2003$qualif_rec <- fct_other(hdv2003$qualif,
drop = c(
"Ouvrier specialise", "Ouvrier qualifie",
"Cadre", "Autre"
)
)
freq(hdv2003$qualif_rec)
fct_lump
, qui regroupe automatiquement les modalités les moins fréquentes en une seule modalité “Other” (avec possibilité d’indiquer des seuils de regroupement) :
Ordonner les modalités d’une variable qualitative
L’avantage des facteurs (par rapport aux vecteurs de type character
) est que leurs modalités peuvent être ordonnées, ce qui peut faciliter la lecture de tableaux ou graphiques.
On peut ordonner les modalités d’un facteur manuellement, par exemple avec la fonction fct_relevel()
de l’extension forcats
:
hdv2003$qualif_rec <- fct_relevel(
hdv2003$qualif,
"Cadre", "Profession intermediaire", "Technicien",
"Employe", "Ouvrier qualifie", "Ouvrier specialise",
"Autre"
)
freq(hdv2003$qualif_rec)
Une autre possibilité est d’ordonner les modalités d’un facteur selon les valeurs d’une autre variable. Par exemple, si on représente le boxplot de la répartition de l’âge selon le statut d’occupation :
Le graphique pourrait être plus lisible si les modalités étaient triées par âge median croissant. Ceci est possible en utilisant fct_reorder
. Celle-ci prend 3 arguments : le facteur à réordonner, la variable dont les valeurs doivent être utilisées pour ce réordonnancement, et enfin une fonction à appliquer à cette deuxième variable.
Combiner plusieurs variables
Parfois, on veut créer une nouvelle variable en partant des valeurs d’une ou plusieurs autres variables. Dans ce cas on peut utiliser les fonctions if_else
pour les cas les plus simples, ou case_when
pour les cas plus complexes. Ces deux fonctions sont incluses dans l’extension dplyr
, qu’il faut donc avoir chargé précédemment (voir le chapitre consacré à dplyr).
if_else
if_else
prend trois arguments : un test, une valeur à renvoyer si le test est vrai, et une valeur à renvoyer si le test est faux.
Voici un exemple simple :
[1] "Supérieur à 10" "Supérieur à 10" "Inférieur à 10"
[4] "Supérieur à 10"
La fonction devient plus intéressante avec des tests combinant plusieurs variables. Par exemple, imaginons qu’on souhaite créer une nouvelle variable indiquant les hommes de plus de 60 ans :
hdv2003$statut <- if_else(hdv2003$sexe == "Homme" & hdv2003$age > 60,
"Homme de plus de 60 ans",
"Autre"
)
freq(hdv2003$statut)
case_when
case_when
est une génération du if_else
qui permet d’indiquer plusieurs tests et leurs valeurs associées.
Imaginons qu’on souhaite créer une nouvelle variable permettant d’identifier les hommes de plus de 60 ans, les femmes de plus de 60 ans, et les autres. On peut utiliser la syntaxe suivante :
hdv2003$statut <- case_when(
hdv2003$age > 60 & hdv2003$sexe == "Homme" ~ "Homme de plus de 60 ans",
hdv2003$age > 60 & hdv2003$sexe == "Femme" ~ "Femme de plus de 60 ans",
TRUE ~ "Autre"
)
freq(hdv2003$statut)
case_when
prend en arguments une série d’instructions sous la forme condition ~ valeur
. Il les exécute une par une, et dès qu’une condition
est vraie, il renvoit la valeur
associée.
La clause TRUE ~ "Autre"
permet d’assigner une valeur à toutes les lignes pour lesquelles aucune des conditions précédentes n’est vraie.
Attention : comme les conditions sont testées l’une après l’autre et que la valeur renvoyée est celle correspondant à la première condition vraie, l’ordre de ces conditions est très important. Il faut absolument aller du plus spécifique au plus général.
Par exemple le recodage suivant ne fonctionne pas :
hdv2003$statut <- case_when(
hdv2003$sexe == "Homme" ~ "Homme",
hdv2003$sexe == "Homme" & hdv2003$age > 60 ~ "Homme de plus de 60 ans",
TRUE ~ "Autre"
)
freq(hdv2003$statut)
Comme la condition sexe == "Homme"
est plus générale que sexe == "Homme" & age > 60
, cette deuxième condition n’est jamais testée ! On n’obtiendra jamais la valeur correspondante.
Pour que ce recodage fonctionne il faut donc changer l’ordre des conditions pour aller du plus spécifique au plus général :
hdv2003$statut <- case_when(
hdv2003$sexe == "Homme" & hdv2003$age > 60 ~ "Homme de plus de 60 ans",
hdv2003$sexe == "Homme" ~ "Homme",
TRUE ~ "Autre"
)
freq(hdv2003$statut)
Vous pouvez trouver des exercices avec leur solution dans l’Introduction à R et au tidyverse de Julien Barnier.
Pour aller plus loin, R for Data Science de Garrett Grolemund et Hadley Wickham.
Recodage et data.table
Nous aborderons dans un prochain chapitre l’extension data.table
qui étend les tableaux de données et modifie complètement la syntaxe utilisée entre les crochets. Elle nécessite un petit temps d’adaptation mais, une fois maîtrisée, elle facile le quotidien lorsqu’il s’agit de manipuler et recoder les données. Ci-dessous, un petit avant-goût, reprenons quelques exemples précédents.
library(data.table)
dt <- data.table(hdv2003)
dt[, score.ext := 0]
dt[cinema == "Oui", score.ext := score.ext + 10]
dt[peche.chasse == "Oui", score.ext := score.ext + 30]
dt[sport == "Oui", score.ext := score.ext + 20]
table(dt$score.ext)
dt[cuisine == "Oui" & bricol == "Oui", act.manuelles := "Cuisine et Bricolage"]
dt[cuisine == "Oui" & bricol == "Non", act.manuelles := "Cuisine seulement"]
dt[cuisine == "Non" & bricol == "Oui", act.manuelles := "Bricolage seulement"]
dt[cuisine == "Non" & bricol == "Non", act.manuelles := "Ni cuisine ni bricolage"]
Bricolage seulement Cuisine et Bricolage
437 416
Cuisine seulement Ni cuisine ni bricolage
465 682
dt[cuisine == "Oui" & bricol == "Oui", act.manuelles := "Cuisine et Bricolage"]
dt[cuisine == "Oui" & bricol == "Non", act.manuelles := "Cuisine seulement"]
dt[cuisine == "Non" & bricol == "Oui", act.manuelles := "Bricolage seulement"]
dt[cuisine == "Non" & bricol == "Non", act.manuelles := "Ni cuisine ni bricolage"]
Bricolage seulement Cuisine et Bricolage
437 416
Cuisine seulement Ni cuisine ni bricolage
465 682
On priviligiera la fonction
to_factor
à la fonctionas_factor
de l’extensionhaven
, la première ayant plus de possibilités et un comportement plus consistent.↩︎